Métailié
Formidable surprise ! Evelio Rosero, avec ce roman (1ère traduction en français de cet auteur) nous plonge dans la Colombie des armées (titre sobre pour un roman qui ne l’est pas…), celle des guérilleros, celle des militaires, celle de la guerre civile… et au beau milieu : des villages tiraillés. Comme ici, celui d’Ismael.
Qu’est-ce qui fait la force de ce livre, précisément ? Le côté très humain des personnages et notamment du narrateur Ismael. Ce dernier pourrait être tout à ce conflit, focaliser sa haine, son énergie, celle qui lui reste afin de se battre. Non, Ismael est d’abord un homme de 70 ans, que son âge déprime, et qui ne manquera jamais l’occasion d’aller grimper sur son échelle pour cueillir des oranges… et accessoirement mater allègrement sa jolie voisine qui bronze totalement nue. Sous le regard compatissant du mari… et énervé de sa femme à lui.
Premier chapitre vaudeville ? Suprêmement érotique surtout ! Mais alors où va-t-on ? En enfer. Car tout va dérailler. La réalité va se faire une joie de tout casser, les espoirs, les jolies femmes, avec une vigueur que l’on pourra juger hors normes (le roman fait moins de 150 pages !)… mais qui ne doit finalement être que l’absurde quotidien de cette partie du monde où les êtres humains qui ne demandent qu’à admirer leur jolie voisine vont se retrouver en plein milieu de la bêtise et la haine des guérillas et des militaires.
Ismael va alors chercher sa femme disparue. Otage ? « Mais non lui dit-on, je viens juste de la croiser ! Elle te cherche aussi« . Course poursuite contre l’absurde et l’horreur. Bravo. Vivement d’autres titres de cet auteur.
Christophe
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