Belfond
Que de questionnements avant la lecture de ces trois livres de Murakami. Précédé de son mythe d’ultra best seller au Japon (4 millions d’exemplaires vendus… 4 millions !), 1Q84 débarque en France avec son titre énigmatique, référence lointaine au 1984 d’Orwell, jeu de mot nippon intraduisible (la lettre « Q » se prononce de la même manière que « 9 »).
Et que de questionnements après la lecture.
L’histoire ? Un roman, un feuilleton plutôt, à deux voix. Celle d’Aomamé, que l’on comprend très rapidement tueuse à la solde d’une vieille dame soucieuse de rendre justice de manière radicale contre des hommes brutalisant les femmes. Et Tengo, chargé par un éditeur de réécrire le roman de Fukaeri, une jeune fille dyslexique de 17 ans, à des fins très pragmatiques de prix littéraire… Ces deux personnages vont, chacun leur tour et dans des circonstances propres, pénétrer dans le monde (très) étrange, angoissant et fantastique des Little People. Petits êtres merveilleux… et très rancuniers depuis la parution du roman de Fukaeri et Tengo La chrysalide de l’air qui révèle leur existence.
S’en suivent… presque 1600 pages en trois volumes. Quel ressenti paradoxal après cette lecture monstre : tout ça pour ça ? C’est vrai que l’impression d’inertie, tant des personnages que de l’intrigue, peut irriter. Mais pourquoi ai-je été jusqu’au bout ? D’une certaine manière, je pense avoir été fasciné par la naïveté de l’auteur, que je qualifierais de typiquement japonaise, faite de pragmatisme, de hauteur morale, de propension pour le merveilleux à deux sous, les blessures adolescentes…
Mais pourquoi cette alchimie fonctionne-t-elle ? Certainement aussi parce que sous le conte fantastique se cache une vision excessivement froide et angoissante des mondes décrits (1984 et 1Q84). Où même après les dernières lignes, il n’y aura aucune certitude de sécurité, d’épanouissement ni de bonheur pour quiconque.
De quoi suis-je certain ? Ces trois livres, je les ai dévorés avec beaucoup de plaisir. Ils m’ont procuré (et me procurent encore) des questionnements et un peu de malaise (et ça c’est bien !). On peut raisonnablement penser que j’ai aimé. Mais je n’en suis vraiment pas certain…
Avec ça !
Christophe.
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