Flammarion
Attention : voici un Houellebecq « sobre », sans frime, sans scène provoc, élagué, bien dégagé derrière les oreilles. Bon, alors ça sert à rien de le lire, du coup ? C’est un peu comme les fameuses bières sans alcool ? Erreur : il reste l’essentiel de Michel Houellebecq : une tristesse infinie.
Jed Martin, photographe, artiste, connaît le succès avec une série de photos d’après des agrandissements de cartes Michelin puis des portraits de « métiers » dont celui de Michel Houellebecq, écrivain, ce qui l’amènera à rencontrer… l’auteur de ce livre. Vous suivez ? Si l’on suit la morosité de la vie de l’artiste Jed, son incapacité au bonheur, on a la surprise dans la dernière partie du livre, construite comme un polar, d’apprendre le meurtre atroce de… Michel Houellebecq. Rassurez-vous, cet auteur est tout sauf narcissique ou nombriliste. S’il parle de lui, c’est pour mieux se dépeindre en vieux reclus, limite alcoolique, voire sale. Il nous raconte des choses, finalement, assez inintéressantes vers lesquelles… on a hâte de retourner… Allez comprendre !
Il paraît que Houellebecq, soit on adore soit ou on déteste. Bon, jusque là, à vrai dire je m’en fichais un peu. J’ai commencé par Plateforme qui réussit son truc : dégoûter le lecteur par son sujet (la prostitution en Thaïlande, c’est pas si mal). Puis, en passant par Les particules élémentaires ou Extension du domaine de la lutte, j’ai compris ce que j’avais loupé : un ton et une vision. Michel Houellebecq a peut-être le regard le plus juste sur notre époque, notre pays. Un peu comme Riad Sattouf à la BD. En beaucoup moins drôle, mais tout aussi efficace. Il vise juste, par honnêteté, et ça fait mal. Car ces livres sont infiniment tristes, vous en conclurez ce que vous voulez. Alors, de là à être fan ou anti, je ne pense pas que ce soit nécessaire de trancher.
Christophe
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