Vents d’ouest
« Je m’appelle Ismaël… » et je m’embarque à Nantucket pour la pêche à la baleine avec le capitaine Achab. Aïe c’est bien gonflé de la part d’un auteur de BD de s’attaquer au livre monstre de Herman Melville. Or en 2014, les éditeurs nous en proposent pas un mais deux (mais pas pour le prix d’un, faut bien manger). A ma droite : Chabouté s’y attelle en plusieurs tomes. A ma gauche, chez Futuro, Jouvray décide de tenter le coup (avec P. Alaray au dessin) en un seul volume. Bigre.
Je n’ai pas été très tendre ces dernières années avec Chabouté, auteur que j’aimais pourtant bien à ses débuts. Mais, ici, concernant notre « battle » de gros cétacés, force est de constater qu’il remporte la mise. A quoi cela tient ? Eh bien à deux choses. Les voici.
Tout d’abord, contrairement à Jouvray, Chabouté prend son temps. Et il fallait aller doucement pour mieux montrer la dureté de l’ambiance du roman, le contexte de Nantucket, la terreur que doivent inspirer l’invisible Achab (au moins au début), le mythe de Moby Dick et la perspective de s’engager dans cette chasse pour le jeune Ismaël. Et là, ça va beaucoup trop vite à mon goût chez Jouvray et Alaray.
Deuxièmement, si j’ai toujours beaucoup de mal avec les trognes des personnages de Chabouté, on reste quand même complètement pantois devant sa bichromie proprement extraordinaire. Et là, l’univers de Melville, c’est du pain béni pour ce dessinateur hors pair. On sent qu’il est dans son élément.
Vous savez quoi ? Lisez les deux versions, ça reste du bon boulot. Mais si j’ai un dernier conseil, plongez vous dans le roman-baleine « Moby Dick » (j’ai souvenir qu’il est bien épais) de Herman Melville. C’est simplement incomparable. Comme je disais au début, il est quand même difficile (orgueilleux ?) de se mesurer au génie.